mercredi 27 avril 2011

Sur l'origine de la tentation

Une phrase du Notre Père suscite des questions chez beaucoup de chrétiens : « Ne nous soumets pas à la tentation ». Est-ce à dire que Dieu est à l’origine de notre attirance pour le mal en nous faisant subir des tests de foi, d’espérance ou de charité ?

Ceux qui apprirent l’oraison dominicale il y a 50 ans prononçaient « Ne nous laisse pas succomber à la tentation », ce qui serait de nature à signifier que nous ne sommes pas des jouets entre les mains de notre Créateur. Toutefois, c’est une traduction imparfaite de « Ne nos indúcas in tentatiónem » – indúco ayant le sens de « conduire » ou « faire entrer » – dont la version française actuelle se rapproche davantage.

La liturgie grecque reprend le verbe εισψέρω que l’on trouve dans les récits évangéliques (Mt VI, 13 et Lc XI, 4) qui pourrait se traduire ainsi : « Ne nous emporte pas dans l’épreuve ». On constate que l’on est assez proche du texte latin.

Cependant, les paroles de l’apôtre Jacques sont on ne peut plus claires : « Que dans la tentation nul ne dise “C’est Dieu qui me tente” ; car Dieu est à l’abri des tentations du mal, et lui-même ne tente personne. Chacun est tenté par sa propre convoitise qui l’entraîne et le séduit » (Jc I, 13-14). Et c’est ce sens, mettant en avant la responsabilité humaine plutôt que la méfiance divine, qu’a adopté le Catéchisme de l’Église Catholique (CEC 2846).