La question du célibat sacerdotal, tant dans son origine que dans ses implications concrètes, est un sujet qui enflamme les passions. Il provoque des débats sans fin, et souvent sans intérêt puisque nourris d'idéologie, étayés d'arguments contestables et de revendications impérieuses. L'actualité récente nous a nous a offert un énième écho de ces mouvements contestataires – largement relayés par une presse sympathisante – lancé par un groupe de prêtres autrichiens qui se sont mis à regretter l'engagement qu'ils avaient pris lors de leur ordination. Selon certains commentateurs pleins d'espérance, l'action menée par ces derniers ferait même « trembler l’Église catholique »...
On entend affirmer fréquemment que cette discipline du célibat sacerdotal ne remonterait qu'au Moyen Âge tardif, instituée pour des motifs très terre-à-terre. Concernant ses fondements, la question est disputée : s'agit-il d'une identification au Christ ou d'une simple conception empreinte d'encratisme ? Peu importe ici car il n'est question que de l'ancienneté de ce choix du célibat.
Certes, c'est au 1er Concile du Latran, en 1123, que l'on a explicitement défendu « aux prêtres, aux diacres et aux sous-diacres d’avoir sous leur toit des concubines ou des épouses » (canon 3). Toutefois, cela ne signifie pas pour autant qu’il s’agît d’une première. Car le canon 33 du Concile d’Elvire, au tout début du IVème siècle, allait déjà dans ce sens, à une nuance près, en imposant « l'interdiction absolue suivante aux évêques, aux presbytres et aux diacres, ainsi qu'aux clercs qui assurent le ministère : ils s'abstiendront de leurs épouses et n'engendreront pas d'enfants ».
Une lecture rigoureuse de ce texte fait apparaître l'existence de ministres préalablement mariés. Mais à partir de leur ordination, ils devaient dorénavant se comporter comme des hommes célibataires. Ainsi, si l'ordination d'hommes mariés était possible – elle le demeure aujourd'hui en Orient ou, plus rarement, pour des transfuges de l'anglicanisme vers le catholicisme romain – on constate qu'ils devaient ensuite changer de mode de vie pour adopter celui de célibataires de fait puisque le canon 27 n'autorisait au clerc que la possibilité de cohabiter avec sa sœur ou sa fille.